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Tribune d’expert. Jean-Baptiste Hironde (Edjing) : Le marché des applications mobiles ne connaît pas la crise

L’explosion du mobile a donné naissance à un nouveau marché : celui des applications mobiles.

Bien que récent, le marché des applications est un marché déjà très mature et très compétitif ! Alors que l’Apple Store fête ses 5 ans cette année, la plateforme compte déjà plus de 800 000 applications disponibles au téléchargement. C’est également le cas de Google Play, autre géant du marché, avec qui Apple se partage le marché. Le dernier arrivé, Microsoft ne compte que 120 732 applications pour l’instant et Amazon près de 80 000.

Des centaines d’applications sont créées chaque jour. Bien que la majorité des applications, tout store confondu, soit gratuite, le marché des applications mobiles est en réalité très lucratif. Les prévisions 2013 sont au beau fixe : il est estimé que le marché des applications mobiles génèrera 25 milliards de dollars de revenus cette année et 35 milliards d’ici 2017 !

Bref, à un moment où l’on nous martelle les esprits avec la crise, le marché des applications lui se porte bien. Si bien que ce nouveau marché vient perturber des marchés établis. C’est le cas des jeux vidéos par exemple. Le jeu vidéo représente 49% du temps passé par les utilisateurs sur les téléphones mobiles. Les éditeurs de jeux sur mobiles cartonnent et redessinent progressivement le secteur. Une étude récente montre que le montant total dépensé par les utilisateurs pour des applications de jeux sur mobiles (iOS et Google Play cumulé) a dépassé les dépenses de jeux sur les consoles de jeux portatives dédiées au dernier trimestre 2012.(Sony, Nitendo et jeux numériques).

Le marché des applications mobiles est en pleine croissance et offre de belles perspectives de business pour de jeunes entrepreneurs. Plus qu’un marché, une véritable économie s’est développée autour des applications mobiles. J’entends par là que les canaux traditionnels de distribution et de promotion des applications se développent et évoluent indépendamment des médias traditionnels, du type télé, radio ou encore presse papier.

Si vous voulez faire connaître votre application et acquérir de nouveaux utilisateurs, vous allez passer par de nouveaux acteurs comme les réseaux sociaux. Facebook a sorti en 2012 les Facebook App Install, un format de publicité adapté au mobile très performant tant en terme de volume que de coûts d’acquisition. Vous avez aussi des canaux de distribution que j’appelle « les boosters d’apps » comme AppGratis qui est le Leader en Europe et vous propulse en quelques heures sur le podium des Top App Gratuites. Le principe est simple AppGratis fait découvrir à sa communauté une application gratuite chaque jour et cette communauté se « précipite » sur le bon plan du jour.

Enfin vous avez aussi, ce qu’on appelle les « Offer Walls » comme Chartboost, et des « Offer Walls » incentivés comme Tapjoy qui permettent à la fois de promouvoir votre application tout en récompensant l’utilisateur qui la télécharge par de la monnaie virtuelle. Bien évidement, les réaux de publicité mobile standard comme Admob, iAd et autre régie mobile existent toujours mais les résultats en termes de volumes, de CPI, de CPC, ou encore de qualité des utilisateurs sont souvent moins bons. Dans tous les cas, il est souvent préférable de travailler au CPI (coût par Installs) pour minimiser le risque pour vous.

Pour optimiser l’acquisition d’utilisateurs, il est également important d’intégrer une forte dimension sociale dans votre application afin de favoriser une propagation naturelle.

Les applications qui marchent le mieux en ce moment l’ont parfaitement compris : Angry Birds, Candy Crush, Clash of Clans, Hay Day… Que ce soit Rovio, Storm8, Supercell ou encore King.com, tous ont mis en place une forte stratégie d’intégration communautaire soit interne soit via les Réseaux Sociaux, et notemment Facebook, (OpenGraph, parrainage, Facebook Connect), soit les deux. Les éditeurs ont compris que le caractère communautaire et social des applications constituait un des leviers clés de la réussite.

Ce n’est bien sûr pas le seul.

Acquérir des utilisateurs c’est bien, mais parvenir à les monétiser c’est mieux. Les éditeurs ne pourraient pas survivre autrement.

Un autre levier clé de la réussite sur mobile réside dans le Business Model. Personnellement, je ne crois plus aux modèles payants. Je pense qu’ils sont obsolètes. C’est pour cela que sur edjing pour la première fois au monde nous avons rendu une application de Mix Freemium. La mécanique n’était pas simple à concevoir mais on l’a fait !

Ainsi l’avenir est au Freemium. De manière générale, on observe sur smartphones, tablettes, sur les réseaux sociaux (et bientôt sur les smart TV) une adhésion massive des joueurs au Free2Play. Il n’y a qu’à regarder le classement App Store des application les plus rentables de France : Sur les 25 premières applications les plus rentables, une seule est payante. Les autres sont gratuites et réussissent grâce à un model Freemium.

Rovio (Angry birds) a réalisé un chiffre d’affaire de 106,3 millions de dollars en 2011. Fin 2012, Supercells (Clash of Clans et Hay Day) générait 500 000 dollars de chiffre d’affaire journalier !

En d’autres termes, les éditeurs d’application mobiles sont parvenus à construire un modèle économique viable à partir du Freemium.

Les deux plateformes d’applications mobiles principales aujourd’hui sont l’Apple Store et Google Play. Même si le développement sur Android peut se révéler un peu plus complexe que sur iOS , je conseillerai aux « app-preneurs » de ne pas négliger le canal d’Android.

La difficulté de développer sur Android réside dans la multitude d’appareils et dans les centaines de systèmes d’exploitations différents qui co-existent. C’est un véritable défi pour les éditeurs qui doivent faire preuve d’adaptation. Alors que sur iOS, tout est uniformisé, cadré et simplifié, ce qui offre un cadre de développement, somme toute plus facilement maîtrisable. Mais la difficulté sur iOS, c’est le délai de review des applications. Si vous souhaitez pousser une nouvelle mise à jour, vous devez attendre 5 à 7 jours avant la mise en ligne effective. D’une part, vous n’êtes pas sûr qu’elle va être acceptée. D’autre part, il y a cette latence de contrôle qui ralentit et contraint la marge de réactivité des éditeurs.

Sur Android, en revanche, lorsqu’une nouvelle version de votre application est déposée, elle sera en ligne quelques heures plus tard. Cette différence peut s’avérer décisive si un bug critique apparaît dans votre App et que 4,5 Millions de Users sont impactés.

Par ailleurs, on dit souvent que le développement sur Android rapporte du «reach» alors qu’iOS rapporte des revenus. C’est encore vrai, même si cet équilibre tend à évoluer. A la fin de l’année 2012, Apple restait encore leader en termes de revenus, remportant près de 4 fois le montant de Google Play en Decembre.

Pour ma part, je pense qu’il faut se montrer juste plus astucieux sur Android pour arriver à obtenir le même ARPU que sur IOS, mais que c'est tout à fait réalisable. Il faut bien comprendre que le comportement utilisateur sur Android est différent de celui sur IOS et il faut simplement savoir s’adapter.

Lire aussi

http://blog.appannie.com/app-annie-idc-portable-gaming-report/

http://blog.appannie.com/app-annie-index-january-2013/

http://www.europa-apps.com/2013/03/11/25-milliards-de-dollars-dapplications-en-2013/

http://www.indexel.net/actualites/apps-mobiles-la-suprematie-d-apple-confirmee-3761.html

http://www.degroupnews.com/actualite/n8281-apple-itunes-application-iphone_5-ipad.html

http://www.bfmtv.com/economie/jeux-video-editeurs-francais-sen-sortent-plutot-bien-438290.html

http://www.journaldunet.com/ebusiness/internet-mobile/social-gaming-mobile/le-business-model.shtml

http://www.afjv.com/news/1856_crises-rebonds-industrie-jeu-video.htm

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