E-Commerce/Paiements

Les néobanques cherchent encore leur business model

La France compte plus de 500 startups fintech, un chiffre qui montre un bouillonnement de l’entrepreneuriat mais ne se traduit pas encore en réussite financière pour la grande majorité de ces entreprises.

En effet, plus de 50% de ces startups de la finance ont en fait réalisé moins de 300 000 euros de revenus annuels, selon une étude du cabinet Exton Consulting décryptée fin 2018 par La Tribune. Si l’on se focalise sur les services bancaires, malgré quelques belles réussites la plupart des néobanques se cherchent encore un business model solide, et n’hésitent pas à élargir leur cible de clientèle du B2C vers le B2B pour trouver de nouvelles sources de revenu. Revenons sur l’histoire de ces néobanques et leur situation en France.

De quand datent les néobanques ?

En octobre 2018, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR - intégrée à la Banque de France) avait interrogé 12 de ces banques et ligne et néobanques pour mieux comprendre leur business model (étude complète). L’occasion également d’un rappel sur l’histoire du développement des néobanques en France et des forces de leurs différents business models.

  1. La première vague des néobanques date des années 2000, avec Banque COFEVI en 1997, ING Direct en 2000, Fortuneo en 2000, Boursorama en 2002. Ces acteurs ciblaient surtout des particuliers urbains, aisés et actifs dans la gestion de leur patrimoine.
  2. La deuxième vague des années 2010 est arrivée en réaction à la structuration du marché des banques en ligne, avec le lancement de BforBank par le groupe Crédit Agricole en 2009, et Hello Bank par BNP Paribas en 2013.
  3. La troisième génération de ces nouveaux banquiers s’appuie sur un modèle « phygital » qui allie relation à distance (téléphone, internet, mobile) et réseaux de distribution physique préexistants, capables de drainer de nouveaux clients et de les fidéliser. Par exemple le Compte Nickel lancé en 2013 en partenariat avec les buralistes, le compte C-Zam proposé par Carrefour Banque, ou encore Orange Bank avec le réseau des boutiques Orange puis Groupama/Gan.
  4. La quatrième vague de ces néobanques est portée par des offres nativement mobiles centrées sur les services de paiement. Comme le britannique Revolut, depuis 2015 en France et l’allemand N26 Bank depuis 2017. Ces acteurs visent une présence internationale et basent leur croissance sur la viralité d’offres presque gratuites.

A mi-chemin entre la 3ème et la 4ème génération de banques, on retrouve également Ma French Bank, filiale de La Banque Postale, qui sera officiellement lancée le 22 juillet 2019 après avoir été agréée en qualité d’établissement de crédit par la Banque Centrale Européenne le 24 novembre 2017. Présentée aux professionnels en mai dernier, cette nouvelle banque se veut « 100 % mobile », sera accessible sans conditions de revenu et intègrera des services communautaires et solidaires, à partir de 2 Euros par mois. Grande force de ce nouvel entrant parmi les néobanques, un réseau de 15 000 points de vente La Poste sur l’ensemble du territoire, comme le rappelle le site spécialisé Cbanque qui a déjà passé cette néobanque au peigne fin.

Plus de parts de marché, mais un produit net bancaire faible

Dans son rapport de fin 2018, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution avaient ainsi passé en revue BForBank (Groupe Crédit Agricole), Boursorama (Groupe Société Générale), C-Zam (Carrefour Banque), Compte Nickel (Groupe BNP Paribas), Fortuneo (Groupe Crédit Mutuel Arkéa), Hello Bank (Groupe BNP Paribas), ING Direct (Groupe ING), Ma French Bank (Groupe La Banque Postale), Monabanq (Groupe CM11-CIC), N26 Bank, Orange Bank (Groupe Orange) et Revolut.

Focalisée sur l’offre offerte aux particuliers, cette étude de l’ACPR montrait que 6,5% des français étaient aujourd’hui clients de néobanques et surtout qu’un tiers des conquêtes client (1,3 million de clients) avaient été réalisées par ces nouveaux acteurs en 2017. Mais elle montrait aussi que sauf quelques rares exceptions ces nouveaux acteurs n’étaient pas parvenus à dégager des résultats positifs en 2017.

Car conquérir ces clients implique de fortes dépenses de marketing et d’investissement, notamment technologique pour le contrôle de la fraude et la sécurisation des échanges, des investissements que les banques traditionnelles peuvent amortir sur l’ensemble de leurs activités à une échelle internationale. Et ces clients ne sont pas forcément rentables ! En effet, le produit net bancaire (PNB) mesuré par l’ACPR était en moyenne sur 7 établissements à 138 euros par an et par client (avec de grandes disparités entre banques). En fait, 20% des clients représenteraient 80% des revenus de ces néobanques, d’où la volonté de multiplier les interactions avec ces clients en leur proposant de nouveaux produits et services – principalement dans le domaine de l’assurance de biens et de personnes – ce qui permettra aussi de capter de nouveaux frais de commissions.

La transhumance des néobanques du B2C vers le B2B

Pour les néobanques, l’herbe semble plus verte et les marges plus généreuses sur le marché du B2B. Boursorama a ainsi lancé une offre à destination des entrepreneurs individuels et autoentrepreneurs, ING Direct un prêt professionnel pour les PME, et Revolut cible les « freelancers ».

D’autres diversifications sont possibles, comme la démarche de Ditto Bank (issue du britannique Travelex) avec Ditto services, une plateforme technologique pour les services de banque digitale, qui sera utilisée par des banques et des tiers pour fournir leurs services sous leur propre marque.

SG

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