Un mémo interne de 91 pages du New York Times mis en ligne par buzzfeed , tout en reconnaissant la qualité de la rédaction « We are winning at journalism »,  souligne le retard dans la digitalisation du quotidien et la baisse continue de l’audience web depuis 2011 face à de nouveaux acteurs agiles- et très financés- tels que First Look Media, Circa, Buzzfeed, Upworthy, Business Insider ou encore Vox.
Le New York Times compte actuellement 30 millions de lecteurs par mois, 20 millions sur mobiles, 5,7 millions d’abonnés Facebook, 1,15 millions d’abonnés au journal papier et 750.000 abonnés digitaux.
Le rapport issu de 200 interviews à l’intérieur et à l’extérieur du journal pose avec acuité la difficile question de la séparation de l’église et de l’état dans les grands medias (Le compte Twitter est géré par la rédaction/ Le compte Facebook par le commercial).
Il met aussi en évidence avec lucidité le retard dans la guerre des talents (développement d’audience et Data Scientists, Taxonomie et Tagging des bases de données, re-packaging  et design de l’information) et ses conséquences sur l'exdoe des talents digitaux des publications traditionnelles vers les nouveaux barbares.
Il illustre par ailleurs l’attachement aristocratique au papier encore majoritaire dans les grandes rédactions et les résistances culturelles vis-à -vis du digital, ses outils et ses spécialistes.
Il trace enfin la vision d’une Newsroom « Digital First », enrichie d’un groupe dédié à la « l’expérience Lecteur » (Reader Experience) agrégeant spécialistes du produit, des études, des analytics et du design.
Voici 10 phrases clés extraites du rapport :
« Le Huffington Post et Flipboard génèrent souvent plus de trafic grâce au journalisme du Times que nous-mêmes ».
« Nous observons le monde tourbillonnant du mobile et des tablettes alors que nous venons à peine de comprendre le Web ».
« Les habitudes et les traditions issues d’un demi-siècle de publications papier sont une force puissante et conservatrice face à la transformation digitale, la plus puissante étant la force d’inertie de la Une »
NDLR : Seuls 1/3 des lecteurs web du New York Times passent par la page d’accueil
« Buzzfeed, Le Huffington Post et USA Today ne doivent pas leurs succès à leurs quizz, photos de célébrités et couverture des sports mais à leurs outils sophistiqués de recherche, de socialisation et de construction de communautés et ce, souvent en dépit de leur contenu ».
« Alors que le développement d’audience devrait d’être un travail partagé dans l’ensemble de la société il tombe dans des silos entre le marketing, les PR, le search et le social qui reportent à des boss différents et collaborent rarement »
« Parce que nos concurrents digitaux s’adaptent plus vite au changement digitaux et aux tendances leur moins disant journalistique gagne plus de traction que notre mieux disant journalistique ».
« Le mur qui séparait la rédaction du business nous a bien servi pendant des dizaines d’années autorisant l’une à se concentrer sur l'éditorial et l’autre sur la publicité. Mails la croissance de nos abonnements digitaux, la baisse régulière de nos revenus publicitaires mais aussi les changements dans nos opération digitales nous obligent à travailler ensemble »
Un «Talent digital» ayant quitté le journal explique dans le mémo, les raisons de son départ
« Quand cela prend 20 mois pour construire un truc, vos talents requis tiennent moins de l’innovation qu'à votre capacité à naviguer dans une bureaucratie »
«Les responsables digitaux veulent jouer un rôle créatif pas un rôle de services »
La première étape, toutefois doit être un « push » pour abandonner nos métaphores de choix « L’Eglise et l’état » et « Le Mur »...
